Le combat Stenochniy

Le combat corps à corps russe, qui s’est constitué en tant que tel pendant au moins 700 ans, était perçu comme une des meilleures manières de s’éduquer et de se perfectionner à travers un art martial.

Le combat Stenochniy est une des variétés les plus intéressantes du combat corps à corps russe. L’envoyé de l’empereur autrichien Maximilien I, Siegmund Von Herberstein a fait une note suivante dans son livre «Rerum Moscovitorum Commentarii», publié en 1549.

«Les jeunes hommes, ainsi que les adolescents se réunissent en général pendant les jours fériés. Ils se rassemblent en ville en choisissant un endroit spacieux connu de tout le monde de sorte que beaucoup de personnes arrivent à les voir et entendre. Ils se retrouvent en sifflant. En entendant ce signal tout le monde se regroupe et le combat corps à corps commence. Si au début ils ne se servent que de leurs poings, très rapidement ce sont les coups de pied acharnés qui suivent… aux visages, aux cous, aux poitrines, aux ventres… tous les moyens sont bons. Une issue assez fréquente pour beaucoup d’entre eux est d’être emporté du champ de bataille assommé, tant leur adversaire s’est efforcé de gagner. Celui qui arrive à immobiliser le plus de monde, en restant ainsi plus longtemps dans le combat, et qui résiste avec plus de courage aux coups, reçoit des éloges particuliers et est considéré comme le vainqueur glorieux. Ce type de lutte est organisé pour que les jeunes hommes s’habituent à essuyer des coups de n’importe quelle puissance.»

Comme nous avons déjà indiqué plus haut, deux types de combats étaient courants: corps à corps «Sas na sam» et combat de groupe «Stenka na stenkou». Mais c’est le Stenka qui détenait le premier rôle. Il représentait un combat de masse organisé ou les parties (les siens et les ennemis) étaient clairement distinguées. Il tire son nom d’un ordre traditionnel militaire, qui n’a jamais changé, selon lequel les combattants se mettaient en ligne compacte contenant un ou plusieurs rangs, et se dirigeaient vers l’adversaire en forme de mur ininterrompu.

Chacune des parties s’employait à rompre le Stenka de l’adversaire, semer le désordre dans ses rangs et le chasser du champ de bataille. L’échelle des combats russes corps à corps était différente: «rue contre rue», «village contre village». En général les combats avaient lieu pendant les jours de fête, dans certaines regions – tous les dimanches. Parfois ces combats rassemblaient jusqu’a plusieurs milliers !!! de participants.

Le respect des règles qui se transmettaient de génération en génération était primordial, une loi non écrite en quelque sorte.

Le non-respect de ces règles était poursuivi. Le coupable était puni par ses confrères qui défendaient jalousement l’honnêteté traditionnelle de l’amusement préféré de leurs pères et grands-pères. Aujourd’hui beaucoup de gens, même en Russie, croient que les combats «Stenka na stenkou» s’apparentaient aux combats sans règles, qu’il s’agissait de bagarres sanglantes et sans merci en état d’ivresse et en utilisant toutes sortes de prises des plus brutales. Une question mérite d’être posée: pourquoi les habitants des rues ou villages voisins, qui sont souvent parents, se mutileraient-ils? En réalité le combat russe corps à corps a toujours été une tradition populaire, un amusement et une compétition, ferme mais sans violence, avec un respect total des règles sportives non écrites. En ce qui concerne les coups dirigés vers les zones vulnérables, le combat corps à corps russe les connaît, mais le recours à ce type de prises était considéré comme une ruse plutôt malhonnête.

«Le combat ne se déroulait qu’avec les poings, aucun objet dur, aucun coups-de-poing serré dans la main, permettant de rendre le poing plus ferme et ainsi augmenter l’intensité des coups. Les moufles ont également été bannies, car elles permettaient de cacher les coups-de-poing. On ne pouvait attaquer que par l’avant, il était interdit de battre l’adversaire couché par terre, l’étrangler, mordre, griffer, etc. À l’apparition de sang sur le visage le combattant sortait immédiatement du combat.»

V.Dal «Dictionnaire de la langue russe» (19ème siècle).


UNE GRAVURE DE GEISLER DU 17ÈME SIÈCLE. UN COMBAT SUDEBNIY (DEVANT LES ARBITRES) EN MOSCOVIE.

UNE GRAVURE D’ADAM OLEARIY «LES AMUSEMENTS POPULAIRES RUSSES», 16ÈME SIÈCLE. LE COMBAT CORPS À CORPS RUSSE EST REPRÉSENTÉ À GAUCHE.

LE COMBAT CORPS À CORPS. UN DESSIN D’APRÈS NATURE DE CHOKHINE (1845). (J’ATTIRE VOTRE ATTENTION SUR LE HANDICAPÉ AVEC SA BEQUILLE À DROITE).

LE TERME "COMBAT CORPS À CORPS RUSSE" EST UN TERME MODERNE DONNÉ À UNE TRADITION QUI S'APPELAIT AUPARAVANT KULATCHNYI BOI (COMBAT AUX POINGS).


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