Les origines du combat corps à corps russe

Dans les drougines (troupes) des princes on utilisait les méthodes du combat corps à corps comme moyen de préparation des guerriers professionnels. Des documents historiques (les annales russes et européennes du Moyen Âge), ainsi que les chansons épiques et les légendes, en apportent des preuves. Par ailleurs, les chansons épiques qui ont résisté au temps et à l’oubli, sont les meilleures sources d’information.

Nous avons encore en notre possession des annales surprenantes avec des descriptions détaillées des techniques du combat corps à corps russe.

Dans toutes les chansons épiques sans exception l’importance du combat corps à corps est cruciale. En général les guerriers n’en finissent pas de combattre à l’aide des armes sans que l’un des deux l’emporte, ils y arrivent seulement dans un combat corps à corps, une fois descendus de leurs chevaux.

Les recherches approfondies montrent que la technique de l’ancien combat corps à corps russe mentionnée dans les chansons épiques rappelle beaucoup l’ancien pancrace grec. Il est plus que possible que cela ne soit pas qu’une simple coïncidence. Les liens culturels et religieux étroits avec l’Empire byzantin ont contribué, pendant de nombreux siècles, à l’assimilation de toute une série d’élements des combats corps à corps olympiques de la Grèce antique par les guerriers russes.

En effet, à l’époque médiévale le milieu religieux émettait des interdictions de combattre corps à corps, de se laisser faire par les «agissements diaboliques helléniques». Cependant, l’art martial russe qui, d’une part, tenait ses origines des jeux païens des slaves anciens, et, d’autre part, s’était enrichi des techniques de la Grèce antique, représentait un ensemble cohérent, original et diversifié. Après s’être séparé des rituels païens les Russes ont intégré les valeurs spirituelles byzantines sans déployer la rationalité excessive des grecoromains, ce qui a fini par rendre l’art martial russe inséparable de la culture populaire.

Selon les annales intitulées «L’histoire des années» («Povest’ vremennih let») en 992 à côté de Pereslavl un prince petchenègue a lancé un défi à Vladimir de Kiev: «Appelle ton homme, moi – j’appellerai le mien, - qu’ils s’affrontent corps à corps».

Quand Vladimir passait en revue ses hommes, un vieux guerrier lui a proposé son fils cadet, imbattable depuis sa plus tendre enfance. Ce dernier a d’abord été mis à l’épreuve face à un taureau: «[…] il a attrapé le taureau par le flanc et lui a arraché de la peau avec la viande […]». Quand l’homme petchenègue est sorti : «[…] il était très grand et d’un physique redoutable. En voyant son adversaire il a éclaté de rire, car ce dernier était de taille moyenne. Mais le combat, une fois commencé, le Russe a étranglé le Petchenègue et l’a jeté par terre».

En effet, la force et les aptitudes du plus fort dans un combat corps à corps ont souvent joué un rôle déterminant dans l’issue de toute la bataille. Selon l’historien V.Klutchevskiy, le combat corps à corps relevait d’un art fin qui faisait partie d’un système complexe de la préparation d’un guerrier. Les combats collectifs «Stenka na stenkou» représentaient une des méthodes de perfectionnement des techniques martiales.


UNE ILLUSTRATION DU 19ÈME SIÈCLE DE LA CHANSON ÉPIQUE RUSSE SUR VASSILIY BOUSLAIEV.



UNE CHROMO RUSSE DU 18ÈME SIÈCLE.



UNE GRAVURE DE GEISLER DU 17ÈME SIÈCLE. «LE COMBAT RUSSE À MOSCOU». LE COMBATTANT DE DROITE FAUCHE («MOSKVA BIET S NOSKA» / MOSCOU FRAPPE DE LA POINTE, COMME ON DIT). À GAUCHE: UN COMBATTANT ACHÈVE UN AUTRE COMBATTANT, COMME CELA SE FAIT DANS DES «COMBATS MIXTES» CONTEMPORAINS.

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